Dans des situations de perte d’autonomie ou de handicap, 9 français sur 10 veulent rester chez eux plutôt qu’être placés en établissement spécialisé. Les aidants se retrouvent alors propulsés dans des univers administratifs très complexes et totalement inconnus, en plus de devoir gérer l’affect avec un proche qui diminue de jour en jour, de concilier vie active (70% sont encore en activité) et vie de couple et sociale. Pris dans un tourbillon, les aidants sont fortement exposés à l’épuisement. Cet état, souvent proche du burn out, n’est pas sans conséquences sur nos ainés parfois victimes de maltraitance qui restent chez eux, certes, mais dans de mauvaises conditions. Une start up œuvrant pour un maintien à domicile décent et bienveillant, vient de voir le jour : Le Lien autonomie. Véritable intermédiaire entre les professionnels, l’aidant et le bénéficiaire, la coordinatrice prend le relais des aidants, afin d’éviter qu’ils ne sombrent.
Quand souffler devient salutaire pour l’aidant mais aussi et surtout pour la personne accompagnée
« J’ai eu le déclic quand, auxiliaire de vie en Ehpad, je faisais la toilette d’une patiente sans réfléchir, sans la prendre en considération, comme si je nettoyais une table » déclare Johanna Trouillas, co fondatrice. C’est ici que commence l’aventure du Lien autonomie, créée pour rompre l’isolement des aidants trop souvent au bord du gouffre et redonner sens et bienveillance dans l’accompagnement. Car soutenir un proche en perte d’autonomie n’est pas une mince affaire : les aidants prennent leur rôle très à cœur, trop à cœur souvent et un engrenage se met alors en place, ils s’enferment dans ce rôle, se coupent de toute vie sociale, s’épuisent totalement au risque, souvent, de faire éclater leur vie de couple. Lorsque ce rôle devient trop lourd à porter, l’aidant peut devenir agressif, sombrer dans des idées suicidaires pour lui mais aussi pour la personne accompagnée « Je pensais à étouffer mon mari avec un oreiller » avoue Martine. En s’épuisant, l’aidant peut devenir maltraitant, oublier des médicaments, des rendez-vous médicaux… entrainant une dégradation de l’état de santé de la personne aidée.
Améliorer la prise en charge à domicile pour plus de bienveillance et de décence envers nos ainés
Le Lien autonomie prend le relais et intervient en tant que professionnel référent centralisant l’administratif, coordonnant les nombreux intervenants, restimulant la vie sociale, gérant les petits tracas du quotidien…
– Administratif : Le lien autonomie s’occupe du montage des nombreux dossiers tels que l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie)… et va aller chercher toutes les aides financières auxquelles les familles ont droit.
– Mise en place, sélection et coordination des intervenants : Les coordinateurs du lien autonomie sélectionne des auxiliaires de vie dont ils connaissent parfaitement le parcours, ou choisissent des intervenants travaillant en indépendant et en CESU. Mieux rémunérés, ils sont plus impliqués dans leur travail. « Les auxiliaires de vie, dont le métier est très mal considéré et très mal payé, ne sont pas toujours impliquées dans leurs tâches et peuvent manquer de bienveillance et de patience envers les personnes âgées. Il y a souvent du turn over et des difficultés à trouver des remplaçants pendant leurs congés. La personne accompagnée peut alors se retrouver sans aide pendant quelque temps » constate Alexandre Guillaume, co fondateur. La start up coordonne aussi les nombreuses informations de chaque intervenant (qui peuvent parfois monter jusqu’à 6 par semaine). « Savoir, bien en amont, que le kiné sera absent pour congés, nous permet d’anticiper et de trouver un remplaçant dans les temps. Selon l’âge de la personne, ne pas avoir d’exercices physiques sur plusieurs semaines peut être irréversible sur son état qui régressera très vite» poursuit-il.
– Prévention : Grâce à ces remontées, il est possible d’anticiper et de réagir rapidement aux problèmes (l’intervenant indiquera qu’il manque du matériel pour soulever le patient et pourra ainsi travailler dans de bonnes conditions, sans que lui ou la personne accompagnée ne se blesse.
– Vie sociale : selon les passions de la personne accompagnée, le lien autonomie trouve une association, un club d’échecs, de théâtre….avec l’objectif de s’y rendre une fois par semaine
– Service de conciergerie : Le lien autonomie gère aussi les aléas tels que le suivi d’un cambriolage (dossier assurance, réparations…)
Johanna Trouillas et Alexandre Guillaume, co fondateurs du Lien autonomie