Europe Eduss contribue à former plus de praticiens

Depuis début avril, l’Assemblée Nationale est en plein débat sur l’encadrement de l’installation de professionnels de la santé dans les territoires pour répondre aux déserts médicaux. Le Ministre de la Santé a évoqué la nécessité de former plus et non pas de réguler leurs déploiement dans l’hexagone. En ouvrant des voies d’accès européennes et hors ParcourSup pour les études médicales, Europe Eduss permet chaque année à des centaines d’étudiants français de se former et de pouvoir revenir exercer en France avec un diplôme valide. Inès Ravaz, Directrice du centre Europe Eduss, présente ces parcours alternatifs.
J-L. Lodoïsk : Pouvez-vous présenter Europe Eduss et ses principales missions ?
Inès Ravaz : Notre mission est d’aider les étudiants français à effectuer un cursus médical au sein de l’union européenne. En France, l’accès aux études médicales est compliqué. Le nombre de places est limité pour la médecine générale, les études dentaires, de kinésithérapie, de sage-femmes, de pharmacie. Chaque année, des centaines de milliers d’étudiants rêvent de devenir médecin ou kinésithérapeute mais à l’issue de la première année de médecine, on dénombre près de 80% d’échec ! Non pas parce que les étudiants sont mauvais mais parce qu’il n’y a pas assez de place. Et c’est une des raisons pour lesquelles il y a autant de déserts médicaux en France : il n’y a pas assez de structures pour se former ! La seule solution pour ces étudiants-là, c’est de partir étudier à l’étranger. Depuis 2005 et les Accords de Bologne, toutes les formations médicales effectuées au sein de l’Union Européenne sont reconnues dans l’ensemble des pays de l’UE.
J-L.L : Qu’avez-vous mis en place pour garantir une bonne qualité d’encadrement de ces étudiants ?
I.R : Europe Eduss a tout d’abord un rôle d’accompagnement. D’abord, nous informons les étudiants, nous les aidons à remplir leur dossier d’entrée à l’université. Mais nous fournissons également un service pédagogique aux universités. Nous encadrons les stages et les mémoires. Nous dispensons une partie des cours dans nos locaux pour aider les étudiants à mieux suivre leur cursus. Car il est difficile, les premières années de partir à l’étranger.
C’est important pour nous de garantir une qualité d’accompagnement aux universités et écoles avec lesquelles nous travaillons. Avant de collaborer avec une structure, nous allons nous assurer que ses diplômes sont reconnus dans toute l’Union européenne. Nous veillons également à ce que la structure d’accueil des étudiants soit enregistrée dans le registre EQAR. Cet organisme européen va valider la qualité des organismes d’accréditation de chaque pays.
Nous nous assurons également du niveau des enseignants que nous recrutons. Il est primordial pour nous qu’un enseignant soit également praticien.
J-L.L : Comment faites-vous pour trouver des partenariats avec les universités européennes et développer ce cursus en langue française ?
I.R : En amont, il y a tout un travail de démarchage. Il faut identifier les universités qui ont envie de se développer à l’international et qui ont besoin de notre aide pour accueillir des étudiants français et dispenser les cours en langue française. Il faut mobiliser toutes les équipes autour de ce projet. Les enseignants d’abord mais aussi toute l’équipe administrative.
J-L. : Vous travaillez avec combien d’universités aujourd’hui ?
I.R : Nous travaillons avec trois universités et deux écoles sous forme de partenariat.
J-L. : Le fait d’aider à former plus de futurs praticiens permet-il de combattre l’étendue des déserts médicaux en France ?
I.R : J’aimerais pouvoir le dire ! Mais à notre échelle, nous contribuons surtout à former plus de kinésithérapeutes. Nous permettons à des étudiants de réaliser un rêve qu’ils n’auraient peut-être pas pu concrétiser s’ils étaient restés en France. Leur offrir la possibilité de faire leurs études en Europe avec la reconnaissance de leur diplôme en France est une vraie opportunité. C’est bien là, l’ADN d’Europe Eduss. Pas sûr que l’on contribue à réduire les déserts médicaux dans l’immédiat, mais on contribue à ce que les étudiants aient la possibilité de poursuivre leurs études et reviennent exercer en France.
J-L. : Aujourd’hui, combien d’étudiants avez-vous accompagnés ? Ont-ils tous trouvé un emploi à l’issue de leur cursus ?
I.R : Aujourd’hui, plus de 700 étudiants ont décroché un emploi en France. A la fin de leur dernière année, bien souvent, les étudiants sont embauchés avant même d’être diplômés.
J-L. : Quelle est votre vision sur l’avenir de la formation médicale en Europe ?
I.R : Cela va beaucoup changer avec l’IA pour la traduction automatique des cours. Ce n’est pas encore au point mais je suis certaine que d’ici quelques mois, ça le sera. Et à partir du moment où les universités pourront offrir des cours dans n’importe quelle langue à n’importe quel étudiant européen, les choses vont évoluer rapidement. Il n’y aura plus de barrière de la langue.
J-L. : Cela signifie que grâce à l’IA, votre développement pourrait s’accroître ?
I.R : Cela signifie surtout que notre travail va changer. Certaines universités n’auront plus besoin de notre aide. Tandis que d’autres maintiendront le lien pour faciliter l’arrivée et l’intégration des étudiants. L’IA ne pourra pas remplacer l’humain.
En décembre 2024, plusieurs médias se sont fait l’écho d’une plainte à l’encontre d’Europe Eduss et de la famille Ravaz. Europe Eduss indique qu’à ce jour, aucune procédure judiciaire en cours n’a été portée à la connaissance de l’entreprise et de sa direction. Concernant les allégations d’escroquerie et de faux diplômes, Europe Eduss les réfute totalement et précise que le 2 août 2021, l’United Campus of Malta (UCM), établissement d’enseignement supérieur privé basé à Malte et accrédité pour proposer des formations en chirurgie dentaire et en kinésithérapie, s’est vue retirer son accréditation par la MFHEA (Malta Further and Higher Education Authority). Cette décision, prise sans avertissement préalable aux partenaires d’UCM, a entraîné de lourdes conséquences pour l’ensemble des parties prenantes.
Face à cette situation, l’entreprise a assumé ses responsabilités et procédé à l’indemnisation de la grande majorité des étudiants, notamment ceux inscrits en 2021 ayant suivi le premier semestre, alors que tous les cours avaient été dispensés, les enseignants rémunérés, les infrastructures financées. 100 % des étudiants en kinésithérapie ont pu être replacés dans d’autres établissements partenaires. Concernant les étudiants en chirurgie dentaire, des solutions alternatives ont été trouvées leur permettant de valoriser les crédits ECTS déjà acquis dans de nouveaux programmes de formation.